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25.08.2003 22:33:30
JeanLouisR

Dimanche 17/08/03, accompagné de Gérald nous partons direction Paris, le grand jour approche. C’est avec un grand honneur que j’ai accepté sa proposition pour l’assistance, car vu son expérience cela me met en confiance et me motive d’autant plus ; mais serai-je à la hauteur ? Malgré un petit arrêt imprévu du à une voiture accidentée qu’un dépanneur n’arrivait pas à extraire d’une barrière de sécurité notre trajet sur Paris se passe bien.


La tension commence à monter car le défi que je me suis lancé ce n’est pas la petite sortie du dimanche matin. Arrivé vers Rambouillet nous faisons une pause casse-croûte dans le bois, ensuite fin du trajet à St Quentin en Yvelines et préparation du vélo pour le contrôle.

Arrivés au gymnase des Droits de l’Homme je suis un peu crispé, le nombre de cyclistes présents est déjà impressionnant. Je passe au contrôle sans problème : vélo bon pour le service, pour le bonhomme on verra lundi soir. Ensuite retrait des papiers, carnet de route, carte magnétique, plaque de cadre et médaille. Gérald récupère les autorisations pour la voiture accompagnatrice. Beaucoup de monde, quelques stands, des têtes connues aussi.

Gérald retrouve d’anciennes connaissances, il discute un peu avec ; j’ai l’impression qu’il apprécie énormément de se retrouver dans l’ambiance mais peut être a-t-il un petit pincement au cœur car il aurait du être participant et non accompagnateur. L’on retrouve J-Pierre, Georges et Bernard qui eux aussi sont venus pour le contrôle. Le soir on mange avec Georges, sa fille et son gendre ensuite dodo.

La nuit un déluge s’abat sur Paris, de l’eau rien que de l’eau, je ne dors pas très bien. Lundi matin derniers achats de nourriture et boissons, sans oublier un garde boue car si la pluie doit tomber mieux vaut se protéger. L’après midi petite sieste au programme ; mais le stress est là et je ne peux pas dormir. Gérald par contre a bien dormi, tant mieux pour lui car c’est très fatigant d’accompagner quelqu’un sur Paris-Brest-Paris. Je finis de préparer le vélo, le temps s’est mis au beau et je décide de ne pas prendre le garde boue. Ensuite je vais au départ en vélo(12 kms environ) Gérald me suit en voiture, cela me fait un bien énorme, je mouline bien et déjà je sens que mes jambes tournent bien.

gfa_gra_et_moi

Cela me met en confiance et la tension retombe un peu. Arrivés au départ on fait les derniers réglages, quelques photos, j’écoute les dernières recommandations de mon coach et ça y est on y va. Au gymnase on pointe pour le départ (enfin) je retrouve Georges et Bernard, on fait quelques photos tous les 3 ainsi qu’avec Gérald puis c’est l’attente du départ.

Mais comme il y avait trop de partants, la direction de course décide de faire deux départs séparés d’1/4 h. Évidemment on loupe le premier là où étaient les plus forts, Gérald est très déçu mais avec Georges l’on se dit que ce n’est pas plus mal. Enfin c’est le départ il est 20h15 ; je suis un peu crispé sur le guidon car il y a pas mal de rond point, des ralentissements, des objets qui tombent, des cyclistes qui font des écarts c’est comme une cyclo il faut faire attention. Une voiture neutralise la course sur 35 kms puis à nous la route.

J’essaye de rester dans les 50 premiers, Georges n’est pas loin et tout se passe bien. A la tombée de la nuit je me rapproche de la tête du peleton, cela roule assez régulier, Je suis très bien ; les jambes sont super ; jusqu’au 1er ravitaillement je reste devant, toujours dans les 10 premiers. A un moment on se retrouve une dizaine devant, puis ça revient de derrière et je retrouve Georges qui me dit ne pas être très bien. A Mortagnes je ne m’arrête pas il n’y a pas de contrôle, on a droit juste au ravito ; Gérald m’attend et me passe une musette mais à la sortie du village en attendant Georges j’en profite pour satisfaire un besoin naturel. Je repars sans avoir vu Georges,(plus tard je le retrouverai). Un gros groupe s’est constitué et on arrive ainsi au 1er contrôle qui est Villaines la Juhel, j’étais resté toujours dans les premiers du peleton aussi n’ai je pas trop de mal pour le pointage. Gérald m’attend à la voiture pour le ravito, cela va très bien et je repars, à la sortie du village même pause que précédemment en attendant Georges que je ne vois pas arriver, alors je repars plus ou moins seul, je reviens sur un petit groupe et on commence à bien rouler.

Mais le sort en a décidé autrement, en traversant un village croyant qu’il y avait de la peinture au sol(c’était de nuit) je m’écarte du groupe pour regarder devant, mais hélas c’était un terre plein de 3 ou 4 cm de haut. Alors là, à 30 km/h, je vous laisse deviner la gamelle.

Lors de la chute j’ai cru que tout était fini, je me relève, regarde mes blessures, coté gauche le coude ainsi que la hanche bien râpés, cuissard déchiré, la cheville, un doigt douloureux et l’épaule droite. Vite je fais l’état des lieux, rien de cassé sur l’homme, je regarde le vélo, une lampe de grillée mais prudent j’en avais pris deux, poignées des freins un peu de travers mais cela à l’air de fonctionner. De petits groupes passent j’appelle Georges au cas où il s’y trouve mais rien pas de réponse. Au fait, pour l’anecdote, j’étais en fin du groupe de 7 ou 8 et personne ne s’est arrêté. Je remonte sur mon vélo et je n’ai même pas fait 100m que j’entends un bruit de ferraille et des gars qui gueulent, je n’ai pas été le seul !

Je repars seul, il fait nuit noire j’ai la hargne alors malgré mes blessures je me dis que j’arriverai au bout quoi qu’il arrive, pour ma famille, pour Gérald, pour moi, avec cette préparation rien ne m’arrêtera, il reste encore 1000kms Au bout de 10 kms j’aperçois un groupe, je me dis : il faut que tu rentres et j’embraye, heureusement un belge me rejoint et vite fait on revient.

On est à nouveau 7 ou 8, ça ne roule pas terrible, déjà certains fatiguent, moi j’ai un peu mal à l’épaule, la cuisse brûle un peu mais les jambes tournent super bien ; motivation quand tu nous tiens !!! La fin de la nuit arrive et voilà le contrôle de Fougères, Gérald est là, je lui explique, je trouve un pansement pour nettoyer la plaie de la hanche, je ravitaille et repars avec les encouragements de mon coach. Tout se passe bien jusqu’à Brest où j'arrive à 18h35, là je ravitaille bien mais le sucré ne passe plus, jambon et fromage c’est mieux, Gérald me masse les pieds et les jambes, je récupère un peu plus longtemps et ça repart. Je suis seul, j’ai peur de me perdre, je roule doucement, ouf ! 3 gars me rejoignent et à 4 nous partons pour le contrôle de Carhaix. La nuit tombe, on s’arrête pour se couvrir, moi je n’ai rien pris comme un couillon alors je stoppe devant une maison où 2 gars regardent passer les coureurs et gentiment un des 2 va me chercher un journal, merci les gars. Arrivé au contrôle c’est toujours pareil le sucré ce n’est pas ça, la plante des pieds commence à me faire mal, de plus mon mal d’épaule me fait pédaler de travers mais les jambes vont bien et je suis toujours aussi motivé. En repartant notre groupe s’agrandit un peu et on roule bien, trop bien peut être, on arrive à Loudéac où c’est pareil pour les pieds et la nourriture.

Jusqu'à Tinténiac même scénario, ça roule bien. Ensuite pour aller sur Fougères c’est pareil, bon groupe on s’entend bien, mais hélas pour moi je perce à l’avant on est à 10 kms du contrôle, je panique un peu car je n’arrive pas à mettre correctement la chambre, heureusement 2 gars m’attendent et m’aident à réparer ; merci à eux.

Plusieurs petits groupes passent et on repart derrière, on revient sur le dernier qui était passé. Arrivé à Fougères par précaution je change ma roue, je suis un peu écœuré, mais c’est le sport. J’ai toujours du mal à manger, mal aux pieds et un peu au genou droit (ma position sans doute.) Et c’est là que le plus dur commence car j’ai laissé partir le groupe et je me retrouve avec 2 gars qui sont assez fatigués et ça ne roule pas.

Au contrôle de Villaines c’est toujours pareil j’ai les mêmes problèmes physiques et alimentaires. Je repars seul, je retrouve un alsacien qui roule un peu mieux que moi, mais je préfère rouler à mon rythme et je fais bien car je le retrouve 30 bornes plus tard et c’est moi qui l’attends. A Mortagne dernier contrôle où l’assistance est autorisée, j’essaye de me refaire en mangeant mais ça ne passe pas très bien ; derniers massages de Gérald (on se dit à tout à l’heure, à l’arrivée) et je repars motivé avec le gars. On adopte une vitesse de croisière afin d’arriver en assez bon état, un italien repart avec nous mais le pauvre était cuit et à la première bosse il a sauté.

Juste avant le contrôle de Nogent le Roi on croise des jeunes en scooter et là quelle n'est pas ma surprise de me recevoir un objet sur la cuisse(je pensais que c’était une tomate mais le lendemain je me suis aperçu que c’était un œuf car il y avait de la coquille sur ma tige de selle ; le coup n’est pas passé loin !!!). J’ai eu un peu mal sur le coup et puis ça collait de partout ; qu’est ce qu’il ne faut pas voir franchement !!!

Au dernier contrôle de Nogent, petit arrêt, je mange 2 fruits, bois un café fais le plein de mes bidons et je repars avec l’alsacien. La fin est assez facile mais il fait nuit et à 2 pour la lumière c’est pas le top. Mon alsacien commence à être bien entamé, je l’attends dans les bosses mais ce n’est pas ça. Il me dit bien d’y aller tout seul mais je ne le fais pas.

On a peur de se tromper car la signalisation est un peu juste et l’on ne connaît pas bien le parcours. Dans un village il met ma vision en doute ; on fait demi-tour, je lui dis : tu les vois les flèchesmaintenant !!! On a perdu 5 mn mais bon sur le total c’est minime.

Dans les descentes il a peur, reste en retrait, dans les bosses il faut que je l’attende, il a peur que je me sois trompé et me dit à nouveau d’y aller seul.

Ce qui finalement se fait sans que vraiment j’accélère car il est presque cuit. Alors après ces 20 bornes d’isolement, seul dans la nuit, j’ai encore plus peur de me tromper, j’ai mal à mes genoux je roule tranquille quant à 10kms de l’arrivée Richard Léon(un copain à Gérald) me rejoint. Ouf ! je suis soulagé, c’est son 7ème PBP et il est du coin. La traversée de St Quentin je la fais dans sa roue et je ne vous dis pas à quelle vitesse, car il connaît et est bien en jambe ; par moment il ralentit un peu car j’ai un peu de mal à suivre. Enfin voici le Gymnase des Droits de l’Homme en vue, Ouf !

C’est la fin, j’explose de (contentement) joie, quand Gérald me donne l’accolade ; lequel est le plus content, je ne sais pas mais quelles sensations, je l’ai fait ! je suis fatigué et tordu mais je ne suis pas détruit ; déjà je pense à ce que je pourrais améliorer pour le prochain Paris Brest Paris ce qui est un signe.

Mon but est atteint, 53h malgré quelques incidents, de supers sensations, un rêve de réalisé tout cela avec l’aide du meilleur et du plus efficace des suiveurs qu’a été Gérald, il m’aura permis de me surpasser et de réussir cette course mythique qu’est le Paris Brest Paris. Merci à lui ; puis j’ai une pensée pour Cathy mon épouse et Cynthia ma fille qui m’ont énormément encouragé avant le départ et supporté pendant la préparation. Merci à tous.


  2003 | Paris-Brest-Paris
 

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